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SERGENT !

firent. Son origine remonte à l’époque de la Révolution, alors que l’autorité de Louis XVI avait été abolie.

— Bah ! cela dure depuis si longtemps ?

— Hélas !

oui, les paysans de la Vendée ne comprirent point la Révolution qui de la condition de serfs les élevait à la dignité de citoyens ; les habitants du Bocage…

— Excusez, major, si je vous interromps ; mais votre mot de Bocage me fait ouvrir l’oreille. Nous aurons, paraît-il du fil à retordre dans ce pays-ci. Pif ! un coup de fusil ! Paf ! un autre… ni vu, ni connu, vous en êtes pour vos os !

— Il est vrai ! c’est leur manière de combattre, ce pays leur sert merveilleusement pour ce genre de guerre ; comme vous l’avez déjà remarqué sans doute, la disposition des lieux ne ressemble pas à celle des autres provinces de la France, pas plus que les mœurs.

— Vous avez raison. Allez donc livrer une bataille rangée par ici ! une haie à tout bout de champ, et des arbres contre la haie, à droite, à gauche, serrés l’un contre l’autre ; et puis, des routes… on ne sait jamais laquelle prendre ! c’est un vrai labyrinthe ! Nous en verrons de dures, major ! Combien parmi nous retrouveront leur vieille mère ?… Et ces chemins bourbeux en hiver, raboteux en été, creusés entre deux haies, recouverts en berceau d’arbres s’entrecroisant, en voilà des nids à Chouans ! Mais, je vous ai coupé la parole au moment où vous parliez du Bocage.