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LA MÈRE KAKÉSEC

étendues au-dessus de la foule, racontant des choses merveilleuses.

» Un petit enfant, dans les bras de sa mère, qui ne pouvait pas comprendre, vu son jeune âge, poussa un cri d’effroi en jetant un regard à l’horizon.

» La foule, rappelée tout à coup à la réalité, s’enfuit tout entière du même côté et força Corneille, par prudence, à prendre seul un chemin peu frayé. Où conduisait ce chemin, mes enfants ? — À la mer.

» Mais, les soldats romains l’avaient aperçu et le centurion qui les commandait leur cria dans sa langue :

« Courez donc ! arrêtéz-le ! »

» Déjà, ils gagnaient du terrain, déjà la mer houleuse faisait entendre un bruit effroyable ; le pauvre Corneille marchait d’un pas rapide ignorant qu’il courait à un abîme.

» Il voit trop tard qu’il s’est trompé de route, que faire ? Revenir sur ses pas ? Impossible ! les cruels soldats le menacent et le harcellent ; encore un instant, il est leur prisonnier. Il entend même distinctement le souffle haletant du plus agile. Alors il sent bien qu’il ne peut échapper à moins d’un miracle.

» Le Romain touche l’infortuné du doigt en criant : « Je le tiens ! » Mais Corneille s’arrête, se retourne, fixe son regard étincelant sur ses ennemis, lève un bras vers eux… c’en est fait. les voilà immobiles pour toujours : ils sont changés en pierres.