— Mère Kakésec, dit-elle, puisque vous voie bien en train de conter, il ne vous en coûterait pas beaucoup de nous dire une autre histoire.
— Toi, petite, on voit bien que ton nom est dans la complainte ! mais si je peux faire plaisir à la compagnie…
— Oh ! ça… tirent les assistants d’une seule voix.
— Bon ! attendez ! je prends une prise pour rafraîchir mes idées… Yvonne, fais le tour de la société avec ma tabatière, ma fille… À vos souhaits, messieurs les militaires !
Elle huma lentement sa prise et remit sa boite dans sa poche.
— Racontez-nous. « les pierres de Karnac. »
— Va pour « les pierres de Karnac ».
Chacun se posa le plus commodément possible, la vieille tourna lentement son fuseau :
« Il y avait une fois dans notre Bretagne un homme qui prêchait sans cesse à seule fin de détruire l’adoration des idoles. Beaucoup de malheureux refusaient de croire en lui ; pourtant, de temps en temps, quelques-uns se convertissaient. Les Romains, alors les maîtres, persécutaient les habitants.
» Voyant que Corneille enseignait toujours, et que de fort loin on venait pour l’écouter, des soldats furent envoyés pour s’emparer de lui et le jeter en prison.
» Ils arrivèrent sur un petit monticule du côté de Karnac, Corneille était debout, les mains