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LA MÈRE KAKÉSEC

N’a remué le bahut…
Ton fuseau, sur la muraille,
A la taille
Des cornes de Belzébuth !

On dit que l’eau de la Loire
Devint noire
Un jour que les protestants
Ont pris dans le sanctuaire
Et la mère
El les pauvres innocents.

On prétend qu’à la tartare
Un barbare
A mis ces êtres divins ;
Et que d’autres à la ronde,
Sans faconde,
Se versaient d’excellents vins.

Las ! depuis, plus de prodige !
Nul vestige
De ce fameux temps, hélas !…
— Ah ! mon écheveau s’emmêle,
Tiens, ma belle.
Yvonne, étends tes deux bras !…

La mère Kakésec s’arrêta, le silence régna un instant ; chacun pensait. Pour moi, je me souvins que cette légende est tellement populaire en Bretagne, que Mme de Sévigné en parle dans ses Lettres. Tous les peuples, je le remarquai, ont dans leurs traditions fabuleuses des métamorphoses d’êtres humains en animaux ou des animaux parlants ; comme j’en cherchais la raison, une jeune fileuse suspendit le cours de mes réflexions.