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LA MÈRE KAKÉSEC

LE MIRACLE DE LA CANE

Écoutez que je vous die,
Sans qu’on rie,
Un vieux conte d’autrefois ;
Car, pour ouïr un miracle,
Sans obstacle,
Il faut croire, villageois !

Dans un castel triste et sombre
Et plein d’ombre,
Vivait un puissant seigneur ;
Il avait, nous dit l’histoire,
Barbe noire,
Sourcils roux et mauvais cœur.

Au plus haut d’une tourelle
Dont il cèle
La clé dans un souterrain,
Chaque nuit il se promène,
Plein de haine
Contre tout le genre humain…

— Ne voyez-vous pas, Yvonne,
Ma mignonne.
Luire quelque horrible bec ?
Ou passer la bête énorme
Près de l’orme
Au château de Kernadec ?…

Il a pris son cimeterre
Et la terre
En a frémi sous ses pas ;
Un affreux projet, il trame
Dans son âme,
Qui menace-t-il, hélas ?