main légère ; le bétail ruminait fermant les yeux à demi ; le chien, couché dans les jambes d’un bœuf, ronflait ; la mère Kakésec prit de nouveau la parole :
— Je vais vous dire un conte très vieux et très célèbre dans notre pays. Dans ma jeunesse, on le racontait au château de Kernadec, lorsque j’étais nourrice du jeune marquis : Le Miracle de la Cane. Attendez ! je le sais de deux façons, voulez-vous que je vous le dise comme nous parlons ou bien en rimes !
— En rimes ! crièrent d’une seule voix les jeunes Bretonnes, c’est plus beau ! surtout quand vous chantez, bonne mère !
— Bien ! mes mies, je commence, écoutez ! je me penchai à l’oreille du fourrier.
— Est-ce que tous ces gens-là comprennent le français ?
— Dans ce pays, ils sont plus civilisés qu’autre part, presque toute la jeunesse parle français ; quant aux lieux, ils connaissent les contes de la mère Kakésec par cœur et je crois qu’elle pourrait parler chinois à son gré, elle serait comprise.
J’écoutai alors avec attention ; mais je ne pus m’empêcher de sourire en reconnaissant le fameux air de Joseph vendu par ses frères :