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DANIEL AU COUSIN PIERRE

faire des vœux à quelque fée protectrice d’une source.

» On dirigea cette piété qu’on ne pouvait détruire ; des chapelles et des églises furent construites aux lieux mêmes des anciens pèlerinages : pour donner plus d’attrait, on établit à certains jours des fêtes pieuses appelées pardons. Chaque saint eut une spécialité ; l’un s’occupait exclu­sivement des animaux, l’autre guérissait la fièvre ; celui-ci les clous ; celui-là les maladies de peau, et chacun devine quelle clientèle nombreuse avait ce dernier. Le plus renommé de tous ces pardons est celui de Sainte-Anne-d’Auray.

» Avec le temps, on joignit aux prières des jeux et des divertissements de toutes sortes, voire même des danses au son du biniou.

» Ce furent de véritables fêtes telles que dans nos campagnes, mêlant pourtant le profane au sacré.

» Dans les mœurs bretonnes, je dois te signaler ceci, que tu ne verras pas chez, nous : des courses de chevaux auxquelles les femmes sont admises.

» Si tu voyais ces cavalières ôter leurs coiffes, ceindre leur tête d’un ruban rouge pour retenir leurs cheveux, et monter à cru, au risque de faire le saut périlleux, tu ne pourrais retenir un éclat de rire. Parfois cependant elles remportent le prix : un mouton ou un bœuf dont les fermiers cotisés ont fait les frais.

» Pendant que j’y suis, je vais te raconter une prouesse faite par des femmes : Dans l’île de Groix, vivait jadis toute une population de