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SERGENT !

signaler les marais flottants appelés plaines de Mazerolles.

» Pour aller pâturer dans ces plaines, flottant sur la rivière d’Erdre, il faut que les troupeaux y abordent à la nage : car elles forment une île ; après y avoir passé la journée, les animaux recommencent leur voyage nautique pour regagner la terre ferme et passer la nuit à la métairie.

» Certainement tu n’as jamais fait pâturer ton bétail dans de telles conditions, et je crois, mon ami, que tu ne le regrettes pas, bien que la chose soit originale.

» Mon admiration pour la nature m’oblige à te mentionner le figuier de Roscoff, dans le Finistère, en réputation dans toute la contrée, juge s’il la mérite : sa circonférence est d’un mètre cinquante-six et ses branches, d’une extrémité à l’autre de l’arbre, mesurent cent mètres. Six cents personnes assure-t-on peuvent facilement dîner à son ombre.

» Je t’en citerais bien un autre dans le tronc duquel on a creusé des marches et fait un autel.

» As-tu remarqué, mon cher camarade, qu’une image fait souvent naître en notre esprit l’image contraire ? Je te parle d’autel : voici que je pense au diable.

» Je t’ai déjà dit que les Bretons sont des cœurs si naïfs et si crédules, qu’un grand nombre de croyances étonnantes et de superstitions étranges ont cours chez eux.

» Leurs légendes ressemblent à des contes où