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LE NUMÉRO TREIZE

— Mais vous l’avez !

— Quoi ?

— Le couteau, parbleu !

— Non, mon ami, pas le couteau ! La petite bouteille !

— La petite bouteille ? fis-je sérieusement inquiet.

— Chut ! tais-toi !

— Vous ne cherchez donc pas le couteau ?

— Le couteau ? Pourquoi faire ? Dire qu’il ne comprend pas ! Quand je te dis la bouteille…

Ah ! La voilà ! Bois vite ! Bois tout !

— Qu’est-ce que c’est ?

— Bois toujours, tu le sauras après

— Allons ! Puisque vous le voulez !

Elle me tendit la fiole.

— N’en parle à personne surtout !

— Vous avez donc trouvé l’élixir de longue vie, comme dans les contes de Mathurine… pouah ! c’est de l’eau !

— Tais-toi ! Tais-toi ! Ce n’est pas de l’eau ordinaire… Je l’ai puisée à la fontaine du Nain… bois donc !

Je bus jusqu’à la dernière goutte.

— Embrasse-moi ! s’écria-t-elle toute réjouie, tu es un brave garçon ! Puis elle s’en alla en murmurant : Il peut mettre la main dans le sac à présent ; je suis tranquille !

La fontaine du Nain était située tout en haut du pays au pied d’un bouquet de vieux saules, on assure que quand l’eau était claire on voyait