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LE NUMÉRO TREIZE

— Est-ce qu’il y a du nouveau, mère ?

Elle fit de la tête un signe négatif.

J’arrêtai mes bœufs à la fin du sillon.

— La jument serait-elle malade ?

— Non mon enfant.

— Alors, qu’est-ce c’est ?

— Rien ! ne te tourmente donc pas ! Je voulais seulement te voir tout seul.

— Est-ce que le parrain !…

— Ecoute ! Je vais te dire… J’ai fait un rêve… ne ris donc pas !… Tu avais un pantalon de soldat et une capote grise comme Joseph Barbin quand il est revenu au pays… tu marchais, tu marchais sans te retourner. Moi je criais : Daniel ! mon garcon ! mon cher garçon !… Mais tu n’avais pas l’air de m’entendre et tu marchais toujours. Alors je me suis mise à pleurer de chagrin, et, comme j’allais t’appeler plus fort, je me suis éveillée… étant éveillée, j’ai réfléchi, et j’ai bien fait.

— Ah ! pourquoi ?

— Tu ne partiras pas, mon garçon ?

— Comment ! je ne partirai pas ?

— Non ! j’en suis sûre.

— Vous en êtes sûre ?

— Aussi sûre que de te voir en ce moment, parce que j’ai trouvé un bon moyen.

— C’est ?

— Oh ! je ne peux pas te le dire !

— Parce que ?

— Par rapport à ton parrain.

— Ah | mon parrain, n’en est pas ?