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CHAPITRE VII.

Le charme.

Mes vingt ans passés, le moment d’interroger le sort arriva rapidement.

Etais-je destiné à vivre comme je l’avais fait jusque-là près de mon père et de ma mère qui m’aimaient tendrement, du père Lascience si gai avec son originalité, des voisins qui m’avaient vu naître et grandir ? vivre enfin avec tout ce que je connaissais, tout ce qui m’était cher ?

Ou faudrait-il quitter le pays, marcher dans les rues des villes le sac au dos, le sabre au côté, en troupe avec des étrangers ; courir le monde ; voir toutes mes habitudes détruites ; aller où personne ne m’appellerait affectueusement par mon nom ?

J’étais soucieux.

Certes, je ne craignais ni la fatigue, ni le travail, ni le danger ; mais une vie nouvelle m’épouvantait.

Comme je poussais ma charrue, tout en me livrant à ces pensées inquiètes, j’aperçus ma mère qui venait vers moi.