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TOUT DROIT

D’ailleurs, n’avais-je pas bien des satisfactions ? Jamais un reproche n’était venu sur les lèvres de mes parents, et tout le monde du pays me regardait d’un bon œil

Pierrot m’arrêta dans mes réflexions,

— Là ! si vous ne m’en aviez pas empêché, j’aurais pris un corbeau pour l’apprivoiser ; quand Mathurine l’aurait entendu parler, quelle figure, bonnes gens ! « C’est par la vertu du diable… ah ! ce père Lascience ! »

— Pauvre Mathurine ! rien ne peut lui faire entendre raison… dis-moi, Pierrot, entre nous, puisque tes neveux sont là-bas, tu n’y crois pas du tout aux apparitions et aux sortilèges ?

— Pas du tout, du tout ! Il faudrait être vraiment niais pour y croire, après que le père Lascience nous a montré comment cela se joue.

— Oui, je suis de ton avis, je n’y crois pas, mais, écoute, je vais te dire une pensée qui me tourmente… seulement, tu n’en parleras pas au parrain.

— Non, je te le promets.

— Crois-tu que certaines choses vous portent bonheur ou malheur ?

— Ah ! ça…

— Par exemple que si je commence un ouvrage un vendredi, ça n’ira pas bien ; que si la chouette vient chanter, la nuit, près de la maison, c’est signe de mort, que des objets peuvent vous préserver du mauvais sort ?

— Je n’en sais rien. La mère le dit.