Page:Guinault - Le numéro treize (1880).pdf/75

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
75
TOUT DROIT

— Tope !

— Tope !

— Poltron qui se dément !

— Poltron !

— À demain matin à la sente aux Oies-Mouillées. Ne mets pas ta belle culotte, petiot, dit-il en s’en allant.

— Mais, parrain, c’est dimanche !

— Ni ta veste, mon garçon.

— Mais… c’est dimanche, parrain !

— Ni ta veste, ni ta culotte, entends-tu ?

— Bonnes gens ! je n’oserai jamais sortir.

— Les vieux habits !

— Oh !

— Pas autre chose, fillot !

— Mais, où allons-nous donc ?

— Faire un voyage… sans pareil.

— Dans la lune !

— Parterre, par air, par eau… À demain ! Ne manque pas !

Le lendemain matin j’étais au lieu indiqué, vêtu comme un jour de travail selon la volonté du parrain. Tant que nous fûmes dans le sentier il ne se passa rien que de très naturel, nous causions tous deux en cheminant paisiblement : arrivés au bout, à l’endroit qu’on appelle « les Trois-Charmes-Jumeaux » le père Lascience posa sa main sur mon épaule :

— Tu m’as dit que tu me suivrais partout : jusqu’à présent, l’ami, tu n’as pas eu grand mal, mais voici le chemin des Guibert, nous allons voir si tu es de parole. Devant nous sont des ruisseaux,