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CHAPITRE VI.

Tout droit.

Le cousin Pierre était devenu un grand garçon robuste ; heureux dans son humble condition, il ne désirait qu’une chose : la garder.

Souvent il travaillait avec le parrain et tous deux étaient contents ensemble, l’un parce qu’il donnait des conseils utiles : l’autre, parce que les conseils produisaient toujours de bons résultats.

Quelquefois Pierre, passant près de moi, s’arrêtait un moment pour causer, nous nous communiquions réciproquement le peu que nous pouvions apprendre, soit par l’observation, soit par les avis du père Lascience.

Si notre opinion différait, c’était lui, le brave homme, que nous prenions pour arbitre, et jamais nous n’eûmes à en appeler de son jugement.

J’avais quinze ans, Pierre en avait près de vingt ; mais la préoccupation d’une vie nouvelle ne l’inquiétait pas ; il était de droit exempté du service militaire par le veuvage de sa mère : aussi, il plantait des arbres dans son jardin et