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LE NUMÉRO TREIZE

thurine, histoire de cause un brin : vous me direz avec quoi vous lui avez porté bonheur, puisqu’elle ne veut pas le dire, elle.

— Tout de suite, Mathurine, je vais vous l’expliquer ici : On porte bonheur aux autres en les poussant à agir honnêtement ; on se porte bonheur tout seul en faisant toujours ce qu’on doit. Là-dessus, à vous revoir ! je m’en vais à ma vigne.

— Tu t’en vas aussi, Toinon ? Attends donc ! je vais donner une poignée d’alizes à ta petite.

— Merci bien ! Mathurine, je suis pressée, ce sera pour une autre fois.

— Décidément, c’est drôle ! La Toinon qui a perdu sa langue… aurais mis ma main au feu, ma tête à couper que je ne verrais pas les choses que je vois ; mais, au jour d’aujourd’hui, on ne reconnaît plus le monde : tout va à l’envers. Si on ne peut plus causer maintenant ! Eh ! eh ! eb ! ça donne à penser… Ah ! du temps de feu ma tante Catherine qui est défunte, la pauvre chère femme, il y aura trente-huit ans aux pommes, ce n’était pas comme ça ; non ! ce n’était pas comme ça !

Mathurine s’éloigna en secouant la tête.