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LA LANGUE DE LA TOINON

Voyons ! vous dites de rentrer, n’est-ce pas Bon… les brins de paille — débarbouiller les marmots — balayer la maison — ne plus causer… jarni ! cà, c’est rude !

— Ho ! ho ! vous ne voulez plus ?

— Oh ! si ! si ! je veux ! et même très bien ! Vous êtes sûr que je peux rentrer sans que rien… me saute… à la figure ?

— Nous allons entrer avec vous. Et maintenant, bonjour Toinon ! N’oubliez pas les brins de paille et les promesses.

Pendant qu’elle s’enfermait et qu’elle chauffait de nouveau son four, la cheminée fut débouchée, et c’est avec joie que la Toinon vit briller la flamme et la fumée s’élancer vers le ciel.

Quand le pain fut cuit, elle prépara une bonne soupe aux pommes de terre, si bien qu’en arrivant son homme la vit lui en apporter une bonne écuellée toute fumante.

— Parbleu ! notre femme, dit-il tout réjoui, c’est donc fête aujourd’hui ? Si tu n’avais pas la figure que je te connais, je croirais qu’on t’a troquée pur une autre, foi de Bourguignon !

Au retour des enfants, elle remplit une écuelle pour eux. Les pauvres petits ! ils ouvraient de grands yeux et mangeaient en riant de contentement tout en prenant une cuillerée tour à tour. Ils ne pouvaient s’empêcher de dire : « Oh ! que c’est bon ! »

Alors la Toinon eut envie de pleurer d’aise et de regret à la fois ; vite, elle courut au cellier