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LE NUMÉRO TREIZE

Les bons ouvriers reprirent enfin haleine.

— Père Lascience, sans malice, regardez donc la Toinon, elle arrête tous ceux qui passent tant la langue lui démange.

— Elle ferait mieux, certes, de balayer sa maison et de nettoyer ses marmots qui n’ont, bonnes gens ! que des haillons sur leur chétif corps… Mais non, il faut que ça bavarde, et patati et patata, c’est sur l’un, c’est sur l’autre… et une telle a dit ceci, et une autre a fait cela. Dire que son homme n’a pas seulement une assiétée de soupe à se mettre dans l’estomac quand il a fini sa journée. Pauvre homme ! Écoute, garçon, nous allons lui rendre un service : — j’ai une idée — je ne me trompe pas, elle chauffe le four ?

— Oui, la fumée sort.

— Bonne affaire !

— Elle est si acharnée à bavarder qu’elle ne nous à point vus. En dégoise-t-elle ? Gare à celle qu’elle tient dans ses griffes ? Bon ! l’autre s’en va. Toinon rentre.

— C’est le moment, viens ! Heureusement que les maisons ne sont pas hautes comme à Paris, nous n’aurons pas de peine à monter sur le toits Mets-toi contre le mur pour me faire la courte-échelle.

— Pourquoi donc, père Lascience ?

— Tu vas voir.

En un instant le parrain fut sur le toit, la maison se composant simplement d’un rez-de-chaus-sée.