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LA LANGUE DE LA TOINON


CHAPITRE V.

La langue de la Toinon.

L’hiver, le travail qui réchauffe n’est pas à dédaigner, c’est pour cela que le parrain et le cousin Pierre allèrent un jour scier des planches, pas loin de la maison de la Toinon, dont la vache avait été guérie par le père Lascience.

Cette maison était placée entre trois ou quatre autres au bout du pays, c’est là que se formaient tous les commérages insensés qui circulaient de bouche en bouche. La Toinon passait pour n’épargner personne ; influencée par Mathurine, elle avait beaucoup contribué à répandre le bruit que mon parrain était un « meneur de loups. »

Pierrot, donc, se hissa sur le grand chevalet, le père Lascience resta en bas, poussant la longue scie qui montait et descendait régulièrement.

Il faisait beau la voir, mordant courageusement le bois et semblant fuir en se jouant des deux travailleurs qui l’appelaient d’un geste de leurs bras vigoureux.