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LE FRELUQUET

— Alors, si tu en es sûr.

— Oh ! pour ça…

— Enfin ! M’est avis qu’il a plus de chance qu’il ne vaut.

La fin de décembre approchait, je rencontrai le parrain en chemin, comme je revenais gaîment à la maison, les mains dans mes poches.

— Petit, me dit-il, voilà le moment de tuer mon « habillé de soies », en es-u de la boudinée avec l’ami Pierrot ? Nous ferons fête…

— Ce n’est pas de refus.

— Ton père et ta mère seront de la partie, bien entendu. Me faut-il pas faire une manière de réjouissance pour la chose que le Freluquet a débarrassé le pays ?

— Vous avez raison, parrain.

— Voyons, tu te grattes la tête… qu’as-tu ? parle donc !

— Parrain… César…

— Tiens ! tiens ! c’est vrai ! je l’oubliais ! amène-le ! c’est un bon compagnon.

Au jour dit, les invités s’installèrent chez le père Lascience autour d’une table couverte d’une belle nappe blanche, une chandelle brillait à chaque bout. Comme on était bien ! Dans la grande cheminée flambaient les grosses bûches, pendant qu’il gelait dehors à pierre fendre, aussi, on riait, on jasait tout en mangeant les bons boudins grillés, les saucisses épicées et le beau morceau d’épinée tout doré, tant il était bien rôti ! Oh ! le délicieux et charmant festin !