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LE NUMÉRO TREIZE

cette magie-là ! Et la mienne, attachée au coin de son drap et passée dans un trou de la cloison, comme je la tirais à propos de l’autre côté, dans la grange.

« Quitte le pays ! »

Vlan ! la ficelle marchait.

« Ô Seigneur ! à bon Dieu ! mon saint Philogène, mon patron ! »

Et Pierrot contrefaisait le Freluquet.

— Que ce soit une leçon pour toi, Pierrot, et pour ton cousin, à qui tu raconteras la chose. L’homme paresseux, vaniteux, ignorant est toujours superstitieux et lâche. Celui qui n’a que la langue ne mérite qu’une quenouille appliquée vigoureusement sur les épaules. Souviens-toi de cela.

C’est ainsi que le père Lascience s’efforçait de nous instruire à sa façon, le cousin Pierre et moi. On dira peut-être qu’une crédulité si ridicule est bien extraordinaire ; malheureusement, elle n’a aucune exagération. Sans instruction, l’homme est incapable de distinguer la vérité, et il donne, tête baissée, dans l’absurde.

Le départ du Freluquet réjouit tout le monde ; nul ne crut à son héritage, excepté Mathurine.

— Pourvu, disait-elle, qu’il ne vienne pas se faire bâtir un château ici ! Comme il vous traiterait, le pauvre monde, celui-là !

— Eh non ! répondait Pierrot, ne vous tourmentez pas. Je vous dis que le maire, son fameux cousin, lui prêtera le sien — indubitablement.