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LE NUMÉRO TREIZE

Philogéne ricana.

— Tu ris ?

— Ben oui, vous me faites rire.

— À cause ? dit le père Lascience.

— À cause ?… Après tout, qu’est-ce que ça regarde ?

— Allons ! tu n’es pas plus poli que brave, toi.

— Pas brave ! Moi ! Je n’ai peur de rien, entendez-vous, vieux sorcier !

— Toi ! Pauvre garçon !

— Non ! peur de rien ! Et je me moque de tout, de vous, de votre morale et du reste.

Le parrain hocha la tête et dit tout bas : Faquin ! puis, il tourna les talons en murmurant : Mathurine croit à toutes sortes de fadaises, c’est nuisible ! Celui-là n’a pas de conscience, c’est dangereux … Fanfaron ! le cousin du maire, va ten voir s’ils viennent ! Muscadin, va ! vantard ! fainéant, menteur, en voilà un fléau pour le pays ! il faut qu’il s’en aille : un fruit gâté gâte les autres. Comment faire ? La force n’y peut rien ! Pourtant, il ne sera pas dit que je me croiserai les bras : L’exemple, c’est tout ! Oui, c’est ça ! tu vas en avoir une leçon, mon cher, et une soignée encore ! Ah ! tu n’as peur de rien ! Tous pareils, ces flambants-là !

Ceci se passait quelques jours avant la Toussaint. Le maçon continuait ses fanfaronnades.

La vieille Mathurine, indignée, lui répétait sans cesse : « Ça te portera malheur, mon Freluquet, tu verras ! » Il lui riait au nez avec impertinence ; mais son rire était forcé.