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LE NUMÉRO TREIZE

Le Freluquet parut un peu décontenancé par la présence du père Lascience ; mais il reprit bientôt son aplomb.

— Dis donc, Philogène, s’écria Pierrot, qui accompagnait le parrain, voici les femmes qui racontent que le maire de ton canton est ton cousin à l’insu de germain ?

— Vrai de vrai ! je vous narrerais bien comme quoi il m’a invité à souper, même que j’ai pris sur ma conscience d’emmener le petit à l’apothicaire. Nous arrivons, bon ! j’avais ma redingote bleu-barbeau, non, vert-de-mer. Je lui dis : Bonjour, cousin, comment que ça vous va ? — Tout à la douce, et vous, cousin ? — Vous voyez ! — Sans vous commander, nous allons manger la soupe. — Ça me va !

Nous nous mettons à table. Bon ! j’étais vexé d’avoir avec moi le petit à l’apothicaire ; figurez-vous que ça ne connaissait pas plus la politese que rien du tout ! J’étais tout le temps à lui dire : « Souffle donc, nigaud, tu vas te brûler. Là ! mon gars, ta fourchette d’une main, ta cuiller de l’autre, c’est ça ! — Salis pas ta serviette, malappris ! — Bois donc pas comme ça, on te prendrait pour le tonneau d’Adélaïde. — Lèche bien ta sauce, tu aurais l’air de faire fi de la cuisine. » Vous pensez bien que le cousin prétait l’oreille en voyant que j’étais affecté d’une éducation péremptoirement numéro un. — Sans façon, me dit-il, répondez-moi, vous avez été à l’école immanquablement ? — Oh ! vous savez, que Je lui réponds, j’y ai été… sans y aller ; mais ce