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LE NUMÉRO TREIZE

morale en action. Oui, tu le rapporteras, et avant peu ! Du si beau foin ! ah ! ah ! ah ! Et il se frottait les mains.

Voyons ! faut-il ? Moi qui prêche toujours contre ça… peut-être que j’ai tort… C’est pourtant une bonne idée… D’ailleurs, que je le fasse ou non, ceux du pays n’en croiront ni plus, ni moins ; jamais on ne leur ôtera leurs croyances de la cervelle ! Je n’ai donc qu’à les abandonner à leur bêtise… Quand aux jeunes, on leur montrera le dessous des cartes, il y a de la ressource avec eux. Je vois toujours à mon affaire un bon côté : rendre un voleur honnête de force… et puis, le petiot en voyant arranger la diablerie et la mine qu’ils feront tous ne donnera jamais dans le panneau comme eux.

Quand je n’en arracherais que dix à leurs superstitions — trois — un — oui, un, je serais content !

J’aurai fait une bonne œuvre… C’est dit |

— Qu’avez-vous donc à parler tout seul, compère ?

— Ah ! Marie-Jeanne, si je vous le dis, je sais bien que vous le garderez pour vous ; mais, c’est égal, j’aime mieux ne pas dire mon idée : qui vivra, verra !

— À votre volonté ! reprit ma mère en riant.

— Du reste, voici cette vieille corneille de Mathurine, je m’en vais. J’emmène le garçon.

— Bon ! emmenez.

Mathurine pousse la porte à ce moment, je sui-