CHAPITRE IX.
Me voyez-vous, à l’âge de vingt et un ans, assis devant une table avec quelques camarades et les enfants de troupe, traçant des lettres sur le sable au moyen d’une pointe ?
C’est que, il y a quarante ou cinquante ans, on n’avait pas pour apprendre à lire et à écrire les méthodes rapides en usage aujourd’hui, et puis, le papier était cher, on ne le prodiguait pas aux commençants.
Avec quel som je cherchais à dessiner la forme des lettres de mon modèle ! À la moindre incorrection je passais légèrement mon doigt sur le sable et je m’efforçais d’arriver à une reproduction exacte, sans jamais me décourager.
Bientôt, satisfait de mon travail, on me donna une ardoise.
J’épelais tout bas avec la plus profonde attention ce que je devais copier ; si j’étais embarrassé, je me renseignais auprès d’un élève plus avancé que moi sans m’en sentir aucunement humilié, l’ignorance seule me paraissant le comble de l’humiliation.