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Que pour mieux insulter à tes vertus divines,
Voici qu’on a tressé ta couronne d’épines,
                Et que, te poursuivant,

Le Germain dont grandit la haine séculaire
à tes vaillants efforts assouvit sa colère
                En préparant ta croix !
Ne pleure pas sur toi ! pleure l’aveugle rage
De ceux qu’irrite encor ton sublime courage
                Et qui servent les rois !

Le Christ vendu, trahi, délaissé du ciel même,
Cloué sur le gibet, avait la foi suprême
                De sa divinité.
Ô France abandonnée, épuisée et meurtrie,
Crois en toi, crois en toi ! Dans ton sein, ô patrie !
                Bat l’immortalité.

Malheur à ceux qui t’ont ou vaincue, ou livrée !
Les larmes germeront dans notre âme navrée,
                Et nous verrons encor
Ceux qui vont n’outrageant les héros qu’au Calvaire,
Tremblants, se prosterner la face contre terre,
                À l’heure du Thabor…

Aux vents de l’univers jette le nom magique,
Le nom libérateur et saint de République !
                Laboureur, prends le grain :
Répands dans les sillons la féconde semence,
Qu’importe l’ouragan !… le grand travail commence,
                L’épi naîtra demain.

Eugénie GUINAULT



F. Aureau. — Imprimery de Lagny.