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PENDANT L’ARMISTICE


« Et le Fils de l’homme sera livré
« pour être crucifié. »


Laissez ! j’ai vu traîner la France dans l’arène,
Mes yeux ont vu pâlir sa tête souveraine
                Et son front se heurter
Au sable que rougit le sang de la martyre ;
Le mes doigts frémissants je vais briser ma lyre :
                Je ne veux plus chanter !

Je ne veux plus chanter, car je t’aimais, ô France !
Plus que le jeune cœur sa première espérance,
                Plus que l’oiseau son nid !
Des mondes gravitants si j’avais eu les flammes,
Afin de te sauver, j’en aurais fait des âmes
                Aux masses de granit.

Hélas ! hélas ! j’ai vu la trahison qui rampe
Jusqu’à ton cœur sacré lever sa sourde lampe,
                Et j’ai vu triomphants,
Féroces et dévots, les princes homicides
Mettre, au nom du Seigneur, des poignards parricides
                Aux mains de tes enfants…

D’un criminel baiser, la lâche félonie
A donc déjà troublé ta cruelle agonie,
                Fille du Dieu vivant.