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laisse-nous, par la puissance de la pensée, faire revivre les temps qui ne sont plus…

C’est ici que l’orgueilleux Coriolan lutta contre les tribuns du peuple ; c’est en ces lieux qu’il établit le fameux camp des Volsques. — Ô Rome ! tremble ! rien ne peut arrêter les terribles effets de son courroux ! Déjà il a repoussé les supplications des patriciens, des sénateurs et des pontifes ; il sait que les patriciennes tout en larmes s’avancent vers sa tente, le conjurant de ne point ruiner cette Rome où il vit le jour. — Ah ! peut-il craindre qu’on le fléchisse, l’implacable exilé ? N’a-t-il point dans le cœur une pensée unique, un seul désir, un seul et violent amour : la vengeance ! Il triomphe ; Rome suppliante se traîne à ses genoux ; mais ce n’est point assez, il faut que cette Rome, jadis altière, pleure avec des larmes de sang son ingratitude.

Un soldat, tout à coup, se précipite vers lui : « — Coriolan, voici ta mère ! » Sa mère ! Coriolan tressaille, se lève, court, tend les bras : — Ô ma mère ! dit-il. « — Arrête ! s’écrie Véturie, que je sache d’abord si « je parle à un ennemi ou à mon fils ! — Ô ma « mère, répond le fier exilé, sentant sous l’œil mater-