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MIKISKAN
Mikiskan pour mekiskan (hameçon) Cris, tête-de-boule, algonquin.

C’est le nom d’une rivière du versant est de la Baie James, qui se jette dans la rivière Bell, province de Québec. La Compagnie de la Baie d’Hudson y eut un poste de traite, succursale de celui de Waswanipi et de si petite dimension qu’un seul grand canot chargé de marchandises pouvait l’approvisionner pour un an. J’ai visité ce poste abandonné où des framboisiers poussaient à travers planchers et lambris, et dont le dernier commis, Vincent, était fils d’un Métis, ministre protestant.

On appelle « mekiskan » une certaine attrape à poissons, inventée par les Indiens du lieu. L’appareil se construit ainsi. À quelques pieds du bas d’un petit rapide, ils bloquent la rivière avec des pierres ou des pieux, laissant au centre une ouverture de deux ou trois pieds de largeur. En face de cette ouverture ils construisent une glissade de bas en haut, pour que la vitesse du courant projette le poisson hors de l’eau, sur le sol. La glissade peut avoir 15 pieds de longueur ; on utilise comme matériaux des perches de bois rond, sans écorce et lisses comme un miroir. Les perches se trouvent piquées d’un bout au fond de l’eau, et l’autre bout repose sur une solide traverse, ordinairement un petit tronc d’arbre, qui les soulève à deux pieds au-dessus de l’eau. Le tronc d’arbre est lui-même supporté à chaque bout par deux poteaux fourchus, plantés à coups de masse dans la profondeur du sol.

Une fois l’attrape construite, le pêcheur n’a plus qu’à faire du tapage sur la rive pour effrayer les poissons de la rivière. Pris de panique, ils se précipitent vers l’ouverture fatale, et ce sera chaque fois la Pêche Miraculeuse. L’on voit tellement de ces attrapes sur la rivière Mikiskan qu’elle mérite cent fois son nom.

MIKKWA
Mikkwa pour mikwaw (rouge, c’est rouge) Cris.

Nom d’un cours d’eau affluent de la rivière la Paix, province d’Alberta.

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