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MATAGAMI
Matagami (réunion des eaux) Cris, tête-de-boule.
Racines : Mata : réunion, rencontre ; gami : étendue d’eau, eau.

Plusieurs rivières réunissent leurs eaux dans le lac Matagami, pour se déverser dans la Baie James, par la rivière Notawé. Du lac Matagami, riche en esturgeons, on atteint facilement la Baie James en quatre jours de canot, malgré les difficultés de la rivière.

Quelqu’un a traduit Matagami par « eau courante ». Il se trompe. Un jour, me rendant à Waswanipi sur les grands canots de la Compagnie de la Baie d’Hudson, et me trouvant sur ce lac, je demandai la signification de « Matagami » aux Indiens de mon équipage. Aussitôt l’un d’eux leva son aviron et sans parler me montra au loin de nombreuses rivières. Par ce geste il signifiait : Matagami veut dire « rencontre des eaux ».

MATAMEC
Matamec (truite) Montagnais.

Matamec est le nom d’une rivière à une dizaine de milles à l’est de Sept-Îles comté Saguenay, où il y a de la truite et un camp de pêche.

MATANE
Matane, abréviation de Matandipives (épaves, débris de navire) Algonquin.

Matane est le nom d’une ville, d’un comté de la Province de Québec et d’une rivière.

La rivière Matane était connue de Champlain. D’après le P. Pacifique, Cap., dans ses « Études historiques et géographiques », p. 191, Matane signifie « vivier de castors ». Dans « Along Quebec Highways », 1930, selon un indien malécite, Matane signifierait « épine dorsale ».

Je me permets de donner une autre traduction (Épave, débris). Ayant proposé cette traduction à un résident de Matane, il tressaillit en disant : « C’est à plein ça ! Il y a presque toujours des épaves à Matane, des chaloupes qui viennent s’échouer au rivage. Au moment où je vous parle, une barge y est échouée. En creusant la cave de notre maison, mon père a trouvé des ossements de baleine et des

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