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de repère font défaut, où tous les décors se répètent, on peut s’égarer facilement. Lorsque ces steppes devenaient la proie des flammes, le moyen d’échapper au péril était d’allumer un nouveau feu et de le laisser courir, puis de demeurer à l’endroit brûlé ; alors, les flammes menaçantes s’arrêtaient à la ligne noire, faute d’éléments pour se propager.

À ces dangers s’ajoutait autrefois celui d’être surpris par les Indiens barbares. Le 13 juillet 1851, une bande de 67 chasseurs métis, parmi lesquels se trouvait l’abbé Laflèche, futur évêque des Trois-Rivières, s’étaient éloignés de leurs 385 compagnons, pour mieux chasser les bisons. Apprenant que 2,000 Sioux viennent les attaquer, les 67 Métis se barricadent aussitôt derrière leurs charrettes, résistent à deux violents assauts et forcent leurs ennemis à se retirer. Fervents catholiques, les Métis attribuèrent leur victoire aux prières de l’abbé Laflèche ; ses exhortations avaient stimulé la petite troupe à combattre vaillamment ; il avait aussi fait vœu au nom de ses gens d’observer un jeûne solennel et de chanter trois grand’messes, si tous sortaient indemnes du combat. Aucun d’eux ne fut tué et l’on compta seulement trois blessés.

Auguste-Henri TREMAUDAN, Histoire de la Nation Métis, p. 143.

MASKWATCHISIK
Maskwatchisik (à la petite montagne d’ours) Cris.
Racines : Maskwa : ours ; tchi, montagne ; sik : diminutif et locatif.
(En cris de l’Ouest, Maskwa : ours : watchisis : petite montagne ; k : locatif)

Maskwatchisik est une localité qui a perdu son nom ; aujourd’hui elle s’appelle Hobbema. Van Horn, ancien président du Pacifique Canadien, l’a ainsi dénommée, en mémoire du célèbre peintre hollandais Hobbema. À l’ouest et au nord-ouest de la mission d’Hobbema, le terrain devient valonneux et tout parsemé de buttes, qui jadis servaient de repaire à une colonie d’ours. Un ruisseau et un petit lac ont retenu leurs souvenirs : le maskwa sipisis et le maskwa sakahigan (ruisseau d’ours — lac à l’ours). La population d’Hobbema est métissée. Le pionnier, B. Piché (1810-1847), était un Canadien de Terrebonne. Un bon tiers des habitants du lieu descendent de cet homme, qui fut le premier à demander les missionnaires à l’évêque de St-Boniface en 1842. On rencontre encore des familles Cardi-

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