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PRÉFACE

Ce livre donne la traduction des noms indiens les plus connus du Canada. Ces noms pour la plupart sont iroquois, micmacs, algonquins, cris et esquimaux. Les bulletins touristiques et même les encyclopédies en donnent maintes traductions fausses et fantaisistes. J’ai cru faire œuvre utile en traduisant ces noms scientifiquement et en les réunissant dans les pages du présent volume, auquel j’ai consacré div années de ma vie. Ayant été 40 ans missionnaire chez les Indiens, je connaissais à fond les langues crises et algonquines ; dans le doute, j’ai consulté d’autres missionnaires et de célèbres interprètes indiens et métis. J’ai surtout eu la précieuse collaboration du R. Père A. Thibert, O. M. I., un des meilleurs spécialistes en langue esquimaude.

Je justifie mes traductions par les racines, car les langues aborigènes du Canada sont formées de racines, tout comme le grec, le latin et hébreux. Cela ne va pas sans difficulté. La langue crise, par exemple, varie sensiblement selon qu’elle est parlée par l’Indien de l’Est ou l’Indien des Prairies ou celui de la baie James et du lac Mistassini. (voir le mot Illinois) Où trouver le dialecte parfait et authentique ?

Un grand spécialiste en la matière,., M. J. A. Burgesse, soutient que « La langue des Indiens Tête-de-Boule de la rivière St-Maurice est du cris pur, tandis que celle des Waswanipi, à l’ouest, est la même que la langue mistassine et ressemble plutôt au dialecte montagnais ». (Archives de la Société Historique du Saguenay, 1949).

Ma carrière missionnaire et par conséquent mes études linguistiques m’ont surtout rapproché du cris de l’Est et plus particulièrement du cris Tête-de-Boule. Tant mieux pour moi si j’ai navigué dans les meilleures eaux, et si les racines que j’utilise sont puisées aux sources les plus pures.

J’ai pu commettre des erreurs ; les noms indiens sont d’ordinaire très mal épelés. Ils ont été tronqués par les Blancs et écrits de toute sorte de façon : ce qui déroute le traducteur. (voir le mot Michigan). En outre, les langues indiennes ont subi, comme toute langue, des altérations. À preuve, cette assertion du père Durocher o. m. i., missionnaire de la Côte Nord : « Quant aux catéchismes qui ont été écrits par les pères Jésuites dans leur langue (montagnaise) ancienne, ils ne les comprennent presque plus, tant cette langue a subi de variations. » (Missions 1845, no 6, p. 147) Les