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tchiwan à Waswanipi, est célèbre chez les Têtes-de-boule et les Cris. Il dépasse de beaucoup la cime des arbres, il est coupé perpendiculairement de trois côtés ; le quatrième monte en pente. Un parti d’Iroquois, en quête de massacres, rôdait dans les parages. Il arriva que ces Iroquois tuèrent un ours. Or, pour le manger, ils montèrent sur le rocher ; ignorant qu’ils escaladaient une forteresse sans issue. Pendant que les viandes rôtissaient et que le jongleur interrogeait les dieux, les Cris, qui les épiaient depuis des heures, prirent position au pied du rocher, et du seul côté vulnérable. Ils lancent leur sinistre cri de guerre. Les Iroquois effrayés essaient de fuir et parcourent vainement le rocher en tout sens. Le jongleur, tatoué et ruisselant de sueur, sort de sa tente. Se voyant en danger d’être capturé vif, il hurle un cri de terreur et se précipite en bas du rocher. Toute sa troupe le suivit dans ce saut de la mort. Les Cris trouvèrent leurs ennemis brisés et écorchés sur les pierres. Ils assommèrent ceux qui respiraient encore, puis fièrement, ils remontèrent le rocher pour achever le festin préparé par leurs ennemis.

KISKISSING
Kiskissing (au petit cèdre) Montagnais.
Racines : Kisk : cèdre ; kiskich : petit cèdre ; ing : locatif.

Kiskissing est un lac et une gare de chemin de fer sur la voie Québec-Lac-St-Jean.

Le cèdre, conifère à branches touffues pousse surtout dans les endroits humides. Son bois mou et léger résiste longtemps à la pourriture.

Les Indiens s’en servent pour fabriquer la charpente de leurs canots et les flottants de leurs filets. Autrefois, la Compagnie de la Baie d’Hudson donnait comme argent aux Indiens de la Baie James des éclats de cèdre représentant chacun 73 centins (un otai). J’ai vu faire de mes yeux ce mode de paiement à Albany, en 1895.

Nos ancêtres se taillaient de longues allumettes de cèdre, pour allumer pipes et chandelles. On les allumait aux tisons du poêle et, pour les éteindre, on les piquait dans la cendre.

Ma mère, comme toutes les femmes d’alors, se confectionnait des balais de cèdre. Nous la regardions entasser dans sa main le bout des branches puis les attacher fortement d’une ficelle à plusieurs tours, pour y introduire à la fin un long bâton pointu qui raidissait branches et corde. Alors, tous voulaient balayer.

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