Vers 1880, Vital Potvin, dit Émard, citoyen de Maniwaki, était renommé par sa force herculéenne. Un jour d’hiver, il descendait à Ottawa avec un enfant d’une douzaine d’années ; son cheval maigre tirait sa traîne à bâton. Vital était pauvre ; pour tout manteau il portait sur ses épaules une couverture de laine. Sur la route, à Kazabazua, il rencontre une file de voitures chargées de foin, montant vers les chantiers, et conduites par des charretiers orangistes. Reconnaissant le pauvre bûcheron pour un Canadien-français catholique, ils l’injurient et le somment de livrer passage. Potvin s’irrite et décide de ne pas broncher. Quand les chevaux furent nez à nez, ça devient une pluie de menaces, d’insultes et de blasphèmes. Potvin passe les guides à l’adolescent, descend de sa traîne et se met à culbuter hors du chemin chevaux, traîneaux et charretiers. Pris de peur, les orangistes changent de langage : « attendez, attendez, Monsieur, nous allons vous céder le chemin. » Et, de leurs bottes, ils commencent à se fouler un passage dans la neige épaisse qui bordait la route. Vital ne frappait jamais du poing mais du côté de la main ; cela suffisait pour casser des os ou assommer. De 1830 à 1850, il fut, avec son ami Jos Montferrant, la terreur des « Shiners » sur le pont des Chaudières à Bytown.
Anastase ROY, Maniwaki et la Vallée de la Gatineau, p. 196.
Keewatin est le nom d’un village de la province d’Ontario, situé sur les bords du lac des Bois ; c’est aussi un territoire nordique qui s’étend du Manitoba à l’océan arctique, bordant la côte ouest de la Baie d’Hudson. Le Keewatin appartint à la H.B.C. jusqu’en 1870, année où le Gouvernement Canadien l’acheta.
Kiwetin ! Keewatin, ce joli mot indien m’a toujours ému et bouleversé. Au début de ma vie missionnaire, mon âme battait des ailes. Kiwetin ; « le nord », qui m’appelait, le pôle vers lequel se tourne l’aiguille aimantée, où la piété de Pie XI a fait jeter une croix du