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WAWATE
Wawate (aurore boréale ou il fait des éclairs) Algonquin, tête-de-boule.
Racines : Wate : la nuit est un peu éclairée par des nuages blancs ; le premier wa un réduplicatif.

Wawate est le nom d’une rivière de la province de Québec.

Celui qui n’a point vu les aurores boréales de la Baie d’Hudson ou de l’Arctique n’a qu’une faible idée de ce phénomène vraiment merveilleux où se mêlent toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. Les aurores boréales sont comme les soirées du ciel. Elles sont si diaphanes qu’on aperçoit très distinctement les étoiles, le halo de la lune, la voie lactée ; elles ne cachent rien du ciel toujours en paix. Ces aurores semblent se tenir à 1,000 pieds au-dessus de nos têtes. On dirait de riches rideaux ou tentures mobiles qui montent et descendent, dansent, courent, s’éloignent, se séparent et reviennent ensemble sans se briser en faisant des grésillements électriques. Et cela varie constamment : écrans, alcôves, longues avenues, etc. et cela dure du crépuscule à l’aurore. Le matin elles sont pâles, comme fatiguées de leurs danses nocturnes, et tassées sur l’horizon. L’aurore boréale est intimement liée au magnétisme terrestre, car elle rend folle l’aiguille aimantée.

WEENISK — WINASK
Weenisk pour winisk (marmotte, siffleux) Cris, maskegon.

Weenisk est le nom d’un fleuve qui se jette dans la Baie d’Hudson, versant ouest. À son embouchure, s’élève une mission indienne, crise. Je fus le premier prêtre à visiter cet endroit (1893). C’était en juillet, il faisait froid, le vent du nord poussait vers nous d’immenses banquises blanches. Je catéchisais une trentaine d’Indiens, tous bien disposés. D’autres familles étaient venues, puis reparties en disant : « La Robe Noire ne viendra pas ici, c’est trop loin. »

Au retour, mes deux guides et moi n’étions pas riches en provisions et devions faire 400 milles d’aviron. Nous fûmes à la gêne, mais jamais à bout de nourriture. La divine Providence veillait sur nous et mettait constamment quelque gibier sur notre chemin. Nous n’avions ni poudre, ni filet, ni hameçon et pourtant nous marchions sans nous préoccuper.

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