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mais avec les années son poil devient jaunâtre. Bien qu’amphibie, il vit ordinairement sur terre ou sur les glaces et les banquises. Avec les renards blancs, il nettoie les plages de la mer glaciale en y mangeant les animaux apportés par les vagues et les marées montantes. À l’eau, l’ours blanc est d’une souplesse étonnante. Il plie et se replie, j’allais dire, comme un serpent. Il plonge et va chercher des poissons au fond des eaux. Quand il réapparaît, il se met sur le dos et flottant, les pattes un peu élevées, un poisson à la gueule, il semble jouir et jubiler. L’ours blanc ne se contente pas de poissons ; il chasse les loups marins et les phoques. Je l’ai vu revenir tenant un phoque avec une patte de devant et monter sur la glace avec sa proie. La chasse à l’ours blanc est dangereuse : la plupart du temps, il faut plusieurs balles pour l’abattre. Des chasseurs poursuivis par lui sur l’eau se sont sauvés en l’aveuglant, en lui tirant des plombs aux yeux.

Généralement, l’ours blanc n’est pas agressif et ne s’attaque à personne. Mais, s’il est attaqué, il se défend courageusement. Cerné ou blessé, quand il décide de passer à la contre-attaque, il le fait toujours ventre à terre, l’avant de son corps glissant sur la neige, les deux pattes supérieures repliées dans un galop terrifiant. Comme il ne tue pas avec ses crocs mais d’un seul coup de massue de ses pattes énormes, il doit s’imposer un temps d’arrêt avant d’aborder son ennemi. C’est l’unique et dernière chance du chasseur, c’est l’instant que l’Esquimau de jadis mettait à profit pour lui darder son harpon dans l’épaule ou lui fouiller le cœur de son grand couteau.

Les crocs de l’ours blanc sont précieusement mis en réserve pour servir d’agrafes à la ceinture. Sa peau devient un magnifique tapis de sol imperméable ou de beaux pantalons, à moins qu’un blanc ne l’achète pour une vingtaine de dollars.

Roger BULIARD, O.M.I., Inuk p. 136.

WABASKOTCHI
Wabaskothi (la montagne de l’ours blanc) Cris.
Racines : Wabask : ours blanc ; tchi : montagne.

Cette montagne ou colline est située un peu au nord-ouest du cap Henriette. Il y a quelques arbres sur cette colline. Comme la forêt est loin de là, il est probable que des mères ourses se rendent à cet endroit pour avoir leurs petits.

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