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OTTAWA
Ottawa pour Ottiwa (Elles bouillent, les eaux bouillent) Cris, tête-de-boule.
Racine : ottew : bouillir.

On a donné plusieurs traductions fantaisistes au mot outaouais ou Ottawa. « Cheveux relevés, oreilles courtes, oreilles longues, trafiquants » (Bancroft), « hommes des bois » (Sulte). Selon moi, il n’y a rien de cela dans le mot Ottawa, si ce n’est un pâle souvenir de la racine algonquine tawak (oreille) ; mais sans aucun adjectif.

Ottawa, tel qu’écrit, est le pluriel inanimé de ottew : « elles bouillent », (les eaux, les rapides, les chutes). Les Cris et les Tête-de-boule, emploient couramment ce mot pour dire que l’eau bout, ou que des vapeurs s’élèvent au-dessus des chutes, comme dans le cas de la chute des Chaudières à Ottawa. Cette traduction me semble beaucoup plus plausible et même la seule acceptable.

Champlain fut le premier blanc à voir cette chute ; il en donne la description en mentionnant que les Indiens l’appellent asticou. Champlain a mal saisi le mot et l’a écrit asticou pour askikok qui sinifie « dans la chaudière. » Cris, tête-de-boule, Algonquin. J’ai entendu des Anglais prononcer Ottawa : Ottiwa. C’est de l’indien pur.

Outaouais est l’ancien nom de la rivière Ottawa et celui d’une tribu indienne qui erra longtemps sur ses bords. La ville d’Ottawa, sur la rivière du même nom, est l’ancienne Bytown. En 1858, la reine Victoria la choisit pour capitale du Haut et du Bas-Canada ; neuf ans plus tard, en 1867, Ottawa devenait la capitale de tout le pays. Le maire Dickinson avoua avec raison qu’Ottawa était redevable surtout à G.-Étienne Cartier d’avoir été choisie comme capitale du Canada.

En janvier 1844, deux Oblats, les Pères Telmon et Dandurand, arrivèrent à Bytown pour desservir les hommes des chantiers et pour atteindre plus facilement les Indiens du Témiscamingue, de l’Abitibi et de la Baie James. Le 20 février 1845, les Mères Élisabeth Bruyère et trois Sœurs Grises arrivèrent à Bytown au son des cloches, quatre-vingts voitures chargées d’hommes et de femmes s’étaient portées à leur rencontre. En 1847, le Père Eugène Guigues, O.M.I., devenait premier évêque de Bytown. En septembre 1849, il dotait son jeune diocèse d’un collège classique, humblement installé dans un local en bois près de la cathédrale, et qui devait devenir un jour l’Université d’Ottawa. Le premier septembre 1860, le prince de Galles, futur Édouard VII, posa la pierre angulaire du premier édifice du Gou-

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