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Est-ce que nous venons le surprendre dans un mauvais moment ?
Est-ce que… ?

Rien de tout cela.

Matsmoto se demande, inquiet, comment il pourra nous recevoir dans ses appartements sans nous faire ôter nos souliers, ou, pour mieux préciser la question, il se demande comment il nous fera ôter nos souliers afin de pouvoir nous faire entrer chez lui.

Car les maisons japonaises sont d’une telle propreté que la moindre chaussure boueuse ou poussiéreuse ferait tache et gâterait tout. La natte moelleuse, étendue dans toutes les pièces sert à s’asseoir, à manger, à dormir ; il faut qu’elle soit toujours irréprochable et la visite d’Européens, qui entrent tout bottés dans ces cases proprettes, cause à l’indigène une pénible sensation.

Pourtant Matsmoto se risque.

— Voulez-vous me faire l’amitié d’entrer ?

— Mais certainement.

— Est-ce que cela vous ennuiera de quitter vos bottines ?

— Du tout. Au contraire. Avec grand plaisir !

On nous avait prévenus.

Et voilà la figure de notre hôte qui s’épanouit.

Franchement, ceux qui se privent de la joie d’être agréables aux Japonais en n’acceptant pas ces petits détails de mœurs, ont bien tort.

Désarmés de nos chaussures, nous gravissons un petit escalier de bois étroit et raide ; chaque marche est vernie, luisante comme une boîte de laque.

Matsmoto nous reçoit dans une chambre immense entièrement ouverte de deux côtés. Voyant notre étonnement de la dimension inusitée de cette pièce, il nous fait observer qu’elle se compose d’une douzaine de chambres dont on a enlevé les cloisons à coulisse afin d’établir