Page:Guimet - Promenades japonaises, 1880.djvu/335

Cette page a été validée par deux contributeurs.
285
promenades japonaises.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

enfant en sautoir, nous régalent d’une espèce de marche assez bien rythmée et vraiment très juste.


Deux femmes, dont l’une porte son enfant en sautoir,
nous régalent d’une espèce de marche.

On nous fait observer que ces femmes sont de la campagne et n’ont aucun talent. C’est sans doute pour cela qu’elles ne jouent pas faux.

À mesure que nous approchons de la capitale, nos djinrikis se débandent. Notre retour ressemble à une déroute. Pourtant à force de crier et de se fâcher, nous parvenons à rassembler dans la grande rue d’Oueno les fragments épars de notre cortège et les apparences sont sauves jusqu’au grand pont de Nihon-bashi. Là nous trouvons une foule énorme ; c’est la fête du quartier. Au milieu de l’encombrement, d’autres djinrikis insultent les nôtres, qui plantent là voitures et voyageurs pour se jeter sur leurs interlocuteurs.

La mêlée devient sérieuse. Tshiouské n’a pas le saké endurant, il se livre à un pugilat animé. Kédjiro lance à droite et à gauche des coups de poings vigoureux qui font rouler les adversaires dans la poussière et, à chaque coup, il se prend les flancs et pouffe de rire.

Enfin on sépare les combattants et nous reprenons notre course à travers la grande rue de Gïnza qui est sillonnée de voitures garnies de femmes en toilettes vives. Ce va-et-vient de petits équipages vous donne comme une réminiscence du boulevard des Capucines à l’heure du retour du bois ; les riches attelages sont remplacés par de grands gaillards qui poussent des cris aigus afin de faire écarter la foule qu’ils traversent à grande vitesse.

Mais subitement le mouvement s’arrête pour laisser passer la châsse du dieu shintoïste qui protège le quartier, ou plutôt le dais massif qui abrite un miroir métallique tout rond, emblème de pureté.


…Subitement le mouvement s’arrête pour laisser passer la châsse du dieu Shintoïste
qui protège le quartier.

Le dais, fort lourd, est entraîné par une véritable foule de porteurs qui poussent des cris réguliers pour marcher ensemble. Ce naos doré qui s’avance au-dessus de la population comme une barque au-dessus