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promenades japonaises.

Chaque plat est posé devant chaque bonze. Tous se lèvent et commencent une procession autour du sanctuaire. Chemin faisant, ils jettent sur le sol les fleurs jaunes qui s’éparpillent comme des constellations d’étoiles.

Ces plats brillants, ces marguerites d’or, jaillissant des mains des prêtres, ont quelque chose d’éclatant ; dans l’ombre du temple, c’est comme des étincelles, et la procession sacrée semble faire une offrande de lumière.

Chacun reprend sa place, excepté l’officiant qui se met en avant des marchepieds et offre l’encens dans une cassolette à manche d’or.

Puis commence le chapelet sur la formule :

Na-mou-Amida-boutsou.

Je me consacre au bouddha Amida.

Chaque fois que la phrase se dit, un grain passe entre les doigts des prêtres et l’officiant donne un coup de marteau sur une petite cloche à son d’enclume.

Le mouvement d’abord lent et solennel va toujours en s’accélérant, comme chez les derviches hurleurs. Il arrive vite un moment où les assistants ne peuvent plus prononcer ; c’est un bredouillement sonore dont le rythme marqué par le timbre s’active de plus en plus.

Encore plus vite, toujours plus vite et chaque coup va droit au cœur d’Amida emportant le faisceau de prières esquissées par les prêtres. La rapidité d’une machine à coudre utilisée pour sauver les âmes.