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promenades japonaises.

homme est la politesse incarnée. De plus, il nous prie d’attendre un moment que tout soit prêt pour la cérémonie.

Ceci n’est qu’un gracieux prétexte pour nous faire accepter du thé et des gâteaux.

Devant chacun de nous, on place une pile de friandises servies sur un double plateau de laque et posée sur une large feuille de papier.

La vue de ce cérémonial réjouit fort nos jeunes interprètes japonais. Il est, assurent-ils, de la plus stricte politesse de plier les gâteaux dans le papier et de les mettre dans sa poche. Aussi nos drogmans s’empressent-ils de se conformer aux rites, et, de crainte de quelque irrévérence de notre part, empochent leurs gâteaux et les nôtres.

Car il n’y a pas ici à plaisanter avec les usages, et la fête du dîner forcé, qui a lieu tous les ans, en est une preuve. On invite ce jour-là les grands seigneurs du pays à prendre part à un repas ; le maître de cérémonie armé d’un gros bâton menace les convives et leur enjoint d’avoir à accepter les mets qu’on leur offre sous peine de mériter le courroux des dieux et les coups de gourdin.

Est-ce à dire que le meilleur moyen de reconnaître les bienfaits de la divinité, c’est d’en profiter ?

Est-ce à dire que la politesse exagérée envers des convives peut amener à ces excès de violence ?

Il y a des pays où la politesse des invités étant de toujours refuser, la politesse des amphitryons est de se mettre en colère pour faire accepter.