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promenades japonaises.

Ce fut, du reste, la dernière fois que le Fils du ciel mit en public le costume japonais ; il adopta aussitôt les modes européennes. Ce qui n’empêcha pas que, lorsqu’il retourna à Kioto pour y faire une visite, les habitants de la ville sainte se prosternèrent, frappèrent deux fois dans leurs mains comme on le fait devant les dieux et même lui jetèrent des gros sous dans du papier blanc ainsi qu’on en use là-bas avec les divinités. Si bien que l’empereur fut obligé le lendemain de promulguer un décret qui interdisait ces actes d’adoration réservés aux anciens dieux du pays.

Le tracé du chemin de fer est des plus simples. Il ne s’éloigne guère de la mer et traverse un pays richement cultivé, parsemé de collines sacrées couvertes d’arbres séculaires, égayé par des petits hameaux aux toits de chaume et par de nombreux bois de bambous.

De temps en temps, les grands matsous du Tokaïdo présentent tantôt à droite, tantôt à gauche, leurs silhouettes sombres, étranges, mouvementées et colossales.

Dans les champs, des travailleurs à peu près nus, protégés des ardeurs solaires par de grands chapeaux de paille. Dans les chemins, des promeneurs, aux longs vêtements bleus, abrités sous l’immense parasol en papier huilé qui fait dans le paysage des taches lenticulaires d’un jaune éclatant.

Quand on aperçoit la mer, on y voit se presser les barques de pêcheurs. L’animation est partout.

À chaque gare, de nombreux indigènes se hâtent de monter en voiture. La foule est bruyante et gaie. Les Japonais, qui de tout temps ont fort aimé les voyages et, sous prétexte de pèlerinages, trouvent moyen de connaître entièrement leur pays, les Japonais ont tout de suite adopté le chemin de fer.

Ce moyen de locomotion n’a à leurs yeux qu’un défaut : il est trop