marquées dans le temple d’Yoritomo, dédié aussi au deuxième Shiogoun, et, de plus, il m’invite à une grande cérémonie qu’il organisera en l’honneur de ma visite, dans le même temple, demain dans l’après-midi.
Je n’ai pas besoin de dire combien je suis ravi.
Pour mettre le comble à sa complaisance, il me mène dans sa petite chapelle et m’explique le sens et l’usage de tous les objets qui servent au culte.
Après quoi il envoie chercher dans sa bibliothèque des peintures anciennes et des livres précieux.
On déroule sur la natte d’un des salons un immense kakemono représentant Amida entre Quanon et Seïsi. Tout autour sont peints les enfers, tous les degrés de béatitudes et d’infortunes par où peuvent passer les âmes.
Pour faire le savant, je parle du Nirvana dont le prêtre n’a jamais entendu parler, vu que le paradis de sa secte s’appelle Saï-ho-go-kou-ra-kou-djo-do et non le Nirvana.
Mais serait-ce le Bouddha lui-même qui, descendu du ciel, vient élucider la question ? Quel est ce grand jeune homme à la démarche noble ? Sa tête rasée et son grand surplis de mousseline noire nous indique qu’il est prêtre, mais la blancheur de son teint, la beauté de sa figure font presque croire à l’apparition d’un être surnaturel. Un éventail bleu de ciel à moitié fermé est fixé dans sa poitrine au croisement de sa robe assez ouverte à cause de la chaleur.
Il s’accroupit sur la natte devant le grand tableau et, noyé dans les vastes plis de sa robe à larges manches, il s’incline et salue ; puis, pour se donner une contenance, il déploie son éventail qu’il agite vivement. Comme il se sent regardé, il se met à rougir ; à travers sa peau transparente, on voit le sang monter de la poitrine au cou et du cou au front.