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Après avoir admiré un fort beau Foudo-sama, aux plis archaïques, qui domine une cascade, nous traversons le temple dédié à Yoritomo. On y a entassé des quantités de divinités, c’est comme un garde-meuble de dieux. Le shintoïsme envahissant a refoulé ici les représentations divines qui se trouvaient dans les temples d’Yeyas.


Après avoir admiré un fort beau Foudo-sama, aux plis archaïques, qui domine une cascade…

Je me promets de revenir étudier ce musée religieux. Pour le moment il faut aller déjeuner sans même avoir eu le temps de monter jusqu’aux trois sapins gigantesques qui couronnent la montagne.

C’est que ce ne sont pas des sapins ordinaires. Ce sont les plus grands qui existent au monde, et ils le savent. Chacun d’eux est protégé par un des trois dieux shintoïstes de Nikko, et, lorsqu’un visiteur ne trouve pas, en présence de ces doyens de la forêt, des formules admiratives suffisantes, il devient subitement fou et prophète.

Un des trois dieux s’empare de son corps et parle par sa bouche.

C’est ce qui est arrivé à Joorakou-in, jeune bonze de Kioto qui prétendit, devant les arbres divins, que, dans son pays, il en avait vu de bien plus beaux.

Aussitôt le voilà possédé. Il croit être la déesse Tagorihimé-no-mikoto elle-même et se met à proférer mille extravagances. Il ne fallut rien moins pour l’exorciser et chasser la déesse que le sacrifice du feu, c’est-à-dire l’incinération d’un bûcher construit sur un autel de gazon ; et encore fallut-il faire deux fois la cérémonie, car, la première fois, on avait négligé de bien nettoyer les morceaux de bois.

Du reste, ces faits étranges ne se sont pas passés dans des temps fort reculés, car le miracle eut lieu en 1852, ainsi que tout le monde peut le certifier.

Mais un prodige encore plus récent nous est raconté.

Il y a dans un hameau tout près de Nikko un certain Ishivara qui tient de ses pères le don de diriger les tëngous de la montagne, ces