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Au XVIe siècle, Ivassa se rendit célèbre dans le genre populaire appelé Oukiyo-é ; et le siècle suivant, Hishi-Kava, continuant cette école, reproduisit les scènes de la vie ordinaire avec un tel succès que les éditions de ses œuvres se vendent encore dans les boutiques à bon marché. Il fut, en quelque sorte, le Teniers du Japon.

Tout dernièrement, le fameux Okousaï se livra à la peinture populaire avec une grande délicatesse de touche ; ses compositions, publiées en gravures coloriées, servent de modèle dans les différentes écoles publiques.

Il résuma avec habileté tous les procédés hardis et expéditifs des écoles Okousoo de la Chine et Kano-é du Japon, il y ajouta son esprit d’observation fine et ce sens particulier de l’élégance qui est le propre de tous les artistes du Japon, même quand ils reproduisent les scènes les plus triviales.

Okousaï est mort, mais il a évidemment des héritiers de son talent, car nous voyons à chaque pas des peintures communes et pleines d’esprit dont nous voudrions connaître les auteurs.

Depuis que nous visitons les rues de Tokio et de Yokohama, nous avons remarqué particulièrement une série d’images humoristiques dans lesquelles on reconnaît la main d’un artiste de valeur. Nous avons déjà constaté que ces images sont signées d’un nom formé de deux caractères chinois assez reconnaissables ; mais quand nous demandons quel est ce nom et qui le porte, on parle d’autre chose et l’on esquive la réponse.

À plusieurs reprises nous sommes allés aux renseignements et, à plusieurs reprises, nous n’avons obtenu que des réticences, des explications balbutiées ou de ces mutismes à la japonaise qui vous disent si bien :

— Vous vous mêlez de ce qui ne vous regarde pas.