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senter les dessins les plus variés. En Égypte, l’hiéroglyphe conventionnel, pourtant si vrai, des papyrus hiératiques, arriva jusqu’au cursif des écrits démotiques sans perdre un seul instant le mouvement, la forme, l’aspect du tableau qu’il s’agissait de rendre.

Dans l’alphabet égyptien, une vingtaine d’oiseaux, d’espèces différentes, sont employés pour représenter des sons très éloignés les uns des autres ; il est important de ne les pas laisser confondre au lecteur, et il est vraiment surprenant de voir les égyptologues dessiner en deux coups de plumes des aigles, des hiboux, des cailles ou des vautours, sans qu’on puisse un seul instant hésiter à reconnaître l’oiseau indiqué.

Les Chinois aussi sont arrivés à ces résumés graphiques, et ils ont transmis aux Japonais ces procédés d’écriture.

Mais les Japonais, qui aiment assez voir le côté pratique des choses, ont refusé la richesse surabondante de dix mille caractères, ils n’en ont accepté que mille, qu’ils ont choisis parmi ceux qui leur donnaient tous les phonétiques dont ils avaient besoin et qui étaient assez dissemblables pour ne pas être confondus.

Les Japonais voulaient encore condenser davantage leurs moyens d’action pour représenter la pensée ; au Ve siècle, Kibi-mabi inventait l’écriture katakana qui donnait en cinquante signes tous les phonétiques syllabiques nécessaires alors au Japon ; puis, au IXe siècle, Kooboo-Daïssi imaginait l’alphabet phirakana, sorte de katakana cursif, élégant, qui ajoutait la rapidité à la simplification, une manière de sténographie des caractères surchargés de la Chine.

On le voit, c’est la quintessence du dessin. Dans ces indications cursives, qui sont à la fois des lettres et des représentations, le Japonais a un avantage : il se sert du pinceau qui donne l’accent vrai avec bien plus de facilité que le roseau des Égyptiens, le stylet des Romains et la plume des peuples modernes.