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philosophie shintoïste sans modifier les croyances déjà acquises sur la nature et sa sainteté.

Mais l’écriture chinoise fut pour les Japonais et pour l’art japonais un formidable moyen d’éducation.

Chaque caractère chinois contient à la fois un signe phonétique, un signe représentatif et un signe déterminatif. Il représente l’objet même dont il est le nom, il est déterminé par une clef indiquant s’il s’agit d’un mot appartenant aux idées abstraites, aux choses humaines, animales, végétales, minérales, etc. ; il donne enfin le son syllabique qu’il faut prononcer pour lire le mot.

Tout cela est horriblement compliqué. À force de vouloir être clair, le scribe chinois s’est jeté dans un dédale dont il ne peut jamais voir les issues. Mais le scribe chinois est forcément un artiste ; il tient un pinceau qui doit représenter tout un tableau, parfois plusieurs tableaux, dont il ne doit prendre que les traits caractéristiques. De là une nécessité, une habitude de simplifier, une habileté incroyable pour saisir le contour qui désigne à lui seul un objet ou une idée.

Ainsi procéda l’écrivain des hiéroglyphes égyptiens ; mais, plus heureux que le Chinois, il arriva presque à l’alphabet net et précis des Grecs et se tira d’affaire en supprimant le plus possible les voyelles (habitude sémitique) et en restreignant le nombre des signes.

Dans les deux cas, il fallut arriver à un moyen rapide de repré-