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XXIV

DANSES ET FESTINS


Arrive une danseuse. C’est une enfant aux traits fins, qui se prosterne devant nous en déclamant une formule de politesse entrecoupée de beaucoup d’aspirations dentales, signe de déférence. Plus on aspire, plus on est poli.

L’orchestre accorde de nouveau ses instruments. La danseuse se lève et prend des poses. C’est une danse dramatique qu’elle exécute ; on retrouve dans ses attitudes les allures contournées des vieux dessins japonais. Dans sa pantomime, les traits du visage restent impassibles ; c’est une élégie à froid qui n’a que des gestes et point d’âme. Il est vrai que la pauvre enfant reproduit consciencieusement les mouvements qu’on lui a appris, mais qu’elle n’en connaît pas le sens. En passant à travers les âges, cette danse s’est transmise de génération en génération, et l’histoire représentée s’est perdue en route ; de même que certaines formules religieuses sont répétées pendant des siècles, alors même qu’on ignore ce