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Le cadavre de la jeune fille était couvert de sang et ses vêtements étaient en lambeaux.

Le désespoir de Korétoki fut effrayant, et la solitude retentit de ses cris déchirants.

Lorsqu’il eut bien pleuré, il se leva et, serrant dans sa main les vers que Mmégaé venait de lui remettre, il recommanda à ses amis de veiller sur le corps, et prit le chemin de la maison de son père.

Il se fit reconnaître par les serviteurs qui gardaient la porte, alla droit à la chambre de son père, et se prosterna à côté du vieillard, qui était couché.

— Mmégaé vient de se tuer ! s’écria-t-il. Ô mon père, ne pardonnerez-vous pas ? Voici les vers qu’elle a écrits avant de mourir ; vous y trouverez toute son âme et la preuve de sa pureté.

Le père saisit le papier et l’approcha de la grande lanterne carrée posée près de son makoura.

Quand il eut fini de lire, des larmes jaillirent de ses yeux.

— Donnez des ordres, dit-il à son fils. Que tout soit préparé pour faire à Mmégaé des funérailles dignes d’elle.