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Ce dernier restait plongé dans le ravissement, lorsqu’il vit s’approcher, flottant sur les eaux, un rameau de matsou, le pin du Japon, dont le langage symbolique le priait, de la part de la jeune fille, d’aller la voir le plus tôt qu’il pourrait.

Il prit alors son pinceau et composa les vers suivants :


 Deux choses dans l’univers
À l’infini s’élèvent toujours
Est-ce la fumée du Fouzi-Yama ?
Est-ce le sentiment de notre affection ?


Quand les Japonais ont parlé du Fouzi-Yama, leur grande montagne, ils ont tout dit ; et, quoique ce volcan soit éteint depuis longtemps, il est toujours très poétique de rappeler l’époque où son panache de fumée blanche se détachait sur le ciel éblouissant du vieux Nippon.

Korétoki ajouta à ses vers un post-scriptum dans lequel il faisait ses excuses de ne pouvoir se rendre à l’invitation de son amante, vu l’heure avancée.

Toujours convenable, Korétoki.

Puis il mit son billet dans le petit bateau de papier qu’il abandonna sur la pièce d’eau ; et, remuant, à la surface, son rameau de matsou, il créa une agitation dont les vagues concentriques emportèrent, en s’élargissant, la frêle nacelle.

L’embarcation, ballottée par cette houle microscopique, ne tarda pas à disparaître sous les branches sombres du grand arbre.



Type de jeune japonaise.