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1873, ainsi que le grand clocher, par deux étudiants irrités des superstitions de leurs concitoyens.

C’est une chose curieuse à constater que cette sorte de honte que les Japonais instruits ont des croyances admises dans leur pays.

Lorsque le Japon s’est ouvert aux idées européennes, les Japonais qui étaient à la tête du mouvement ont eu le tort, à mon avis, d’être trop humiliés d’une infériorité qui n’était qu’apparente. Certes ils n’avaient encore ni usines à vapeur, ni école polytechnique. Mais que d’excellentes choses ils avaient, auxquelles ils renoncent sans raison.

Le Japon n’a pas assez confiance dans les mœurs du Japon ; il fait trop vite table rase d’une foule de coutumes, d’institutions, d’idées même qui faisaient sa force et son bonheur. Il y reviendra peut-être, je le lui souhaite.

Or, une des premières choses que les novateurs progressistes auraient voulu détruire, c’est la religion locale ; et il est arrivé que les efforts qu’ils ont faits pour cela n’ont eu pour résultat que de donner un regain de popularité aux croyances, et de forcer les clergés à se réorganiser et se perfectionner.

Le shintoïsme est devenu la religion d’État et le bouddhisme envoie en Europe ses jeunes séminaristes.

C’est ce qui exaspère les novateurs progressistes.

Or, un beau jour, deux étudiants indignés de voir les Japonais si arriérés ont voulu leur donner une leçon et ont mis le feu au grand temple d’Amida. C’était le plus beau temple du bouddhisme et ces farouches libres penseurs crurent porter à cette religion un coup vigoureux.

Un an après, ils furent saisis et sont maintenant dans les bagnes du gouvernement.

On voit pourtant d’autres temples qui sont d’une richesse inouïe.